Dans la campagne présidentielle qui s'achève, quelle place aura-t-elle été réservée aux enfants ? Pratiquement aucune, si ce n'est un discours bienvenu sur l'école qui ne résume pas, il s'en faut, le débat sur l'enfance. Les enfants ne votent pas, dira-t-on..., ils sont donc littéralement sans voix, sans vote, utile ou inutile. Seuls les adultes parlent pour eux, par procuration, par délégation, instrumentalisant la parole et les attentes qu'ils prêtent à la génération qui les suit. Alors ces quinze millions de sans voix s'expriment autrement. Ils parlent même beaucoup, mais entre eux, comme s'ils se savaient inaudibles pour ceux qui parlent en leur nom. Et les adultes contemplent, stupéfaits, cette frénésie de communication qui les place hors circuit, au sens propre de l'expression. Les nouvelles technologies fonctionnent ainsi comme d'immenses machines en circuit fermé, bannissant le regard extérieur, celui-là même qui pourrait autoriser la communication...