Machiavel et Spinoza, le temps d’une rencontre par Gérard Bras | Chronique des Droits de l'Homme | Scoop.it

Après avoir été presque complètement négligée, l’étude comparative des pensées de Machiavel et de Spinoza revient en force. Pourtant rien ne va de soi, à première lecture. Mis à part l’éloge appuyé du secrétaire florentin par le philosophe hollandais, dans le Traité politique, tout semble les opposer quant au fond. Comment concilier en effet une pensée qui conjugue fortune et vertu avec celle qui conçoit que tout dans la nature est déterminé de façon nécessaire, que le hasard n’est que le point de vue d’une imagination ignorante ? La solution traditionnelle veut n’y voir qu’une alliance de circonstance fondée sur la primauté accordée au réalisme politique : en opposant les utopies philosophiques et moralistes et le pragmatisme des politiques fondé sur la connaissance des passions humaines, le philosophe prendrait appui sur le secrétaire pour montrer que l’action a pour condition la connaissance de la nécessité. V. Morfino a consacré sa thèse à la lecture conjointe des deux penseurs, débusquant la présence cryptée du premier chez le second. Le livre qui sort aujourd’hui en reprend les termes principaux. C’est un livre stimulant à la fois pour les lecteurs des deux penseurs, et pour tous ceux qu’occupent les questions de philosophie politique...